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Vers une stabilisation de l’espace kurde ?

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Malgré une population estimée à environ 35 millions d’individus, la nation kurde reste à ce jour la plus importante communauté privée d’État propre. Une situation figée depuis près d’un siècle qui connaît cependant depuis quelques années des avancées non négligeables.

 Au Moyen-orient, le délitement des uns contribue à forger l’unité des autres… De manière pour le moins cynique, l’actuel chaos moyen-oriental semble en effet favoriser l’émergence d’une relative convergence des forces kurdes. Les Kurdes syriens (environ 1 million d’individus) ont su profiter de la situation du pays pour accroître leur autonomie et se rapprocher de leurs semblables turcs et irakiens. Un rapprochement principalement articulé autour de deux grandes organisations.

La région autonome du kurdistan irakien constitue à n’en pas douter la principale source de nouveauté. Cet espace situé au Nord-Est de l’Irak a constamment gagné en importance au cours de ces vingt dernières années : placée sous protection alliée (No Fly Zone assurée par des patrouilles américaines, anglaises et françaises) en 1991 à la suite des persécutions subies par les Kurdes irakiens au cours de la première guerre du Golf, la région a acquis en 2003 le statut d’autonomie après que les populations kurdes ont coopéré avec l’armée américaine face à Saddam Husseïn. Une autonomie qui ne cesse de s’accroître depuis, avec le développement de l’enseignement en langue kurde, l’instauration d’un Parlement et d’une Présidence propre à la région ou encore le renforcement des « Peshmergas », milice devenue armée à part entière. Des éléments qui ont rapidement contribué à faire de la région et de sa capitale Erbil un bastion symbolique, en tant qu’expérience la plus aboutie d’ « État-nation » que l’ensemble des populations kurdes (irakiennes, syriennes, turques ou encore iraniennes) ait jamais connu.

L’autre grand acteur du moment n’est autre que le PKK, actif depuis plus de 30 ans maintenant. Longtemps fer de lance de la contestation armée kurde en Turquie, l’organisation a récemment effectué un brusque changement de ton, à travers la personne de son charismatique leader, Abdullah Öcalan, affirmant en mars 2013 que le temps de la politique était venu. Avec près de 80 000 morts et des millions de déplacés depuis la fin des années 70, les sociétés civiles turques autant que kurdes, changement de génération aidant, exprimaient en effet depuis une dizaine d’années leur ras-le-bol et leur désir de voir un dialogue plus ouvert s’ouvrir. La progressive reconnaissance de la spécificité culturelle kurde par les dirigeants turcs et les mesures d’assouplissement concernant l’utilisation de leur langue témoignent de cette modeste avancée.

Pour positifs qu’ils soient, ces facteurs de stabilisation ne doivent pourtant pas faire oublier les immenses défis que les Kurdes doivent encore relever. À commencer par celui des divisions internes que la nouvelle situation des Kurdes syriens donne à voir, chaque camp -PKK turc d’une part, Kurdes autonomes irakiens de l’autre- cherchant à s’ériger en parrain des populations nouvellement émancipées du pouvoir damascène. Habile et conscient de ces clivages, Erdogan, premier ministre turc, développe déjà avec Erbil une politique d’ouverture affichée (rencontre avec le président Massoud Barzani, liens économiques forts…) qu’il ne semble pas pressé d’élargir au PKK…

 

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